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2016-04-10T19:27:18+02:00

Grandir, vieillir

Publié par Anne-Gaëlle

Grandir, vieillir

… « Et j’ai réduit sans cesse la force de mes exigences. J’ai renoncé, puis-je dire pour sauver un peu de prétention. Mais véritablement, si je suis un tout petit peu honnête dans ce que je vois, j’ai plié dans les meilleurs des cas et sinon, je me suis juste vue ouverte, craquée, déchirée, dévastée par ce passage incroyable et innommable dont je ne peux rien comprendre. Et Personne ne peut rien y comprendre. Cette puissance, cette force qui s’infiltre et traverse n’a pas d’âme humaine, n’a pas de langage humain que l’on pourrait interpréter, apprivoiser, contrôler.
Voilà le sens véritable de grandir ; diminuer chaque jour son horizon, la cartographie de son territoire individuel, le rétrécir, perdre, rendre, restituer. Si je m’y refuse, ça ne change rien. Ce que j’ai pris et que je continue de tenir de ma pauvre force, de toute ma volonté, de toute ma peur, sera tout simplement arraché. C’est très simple. L’intelligence véritable est très simple. Elle ne manipule pas, elle ne demande pas, elle va comme elle est. C’est à nous de bien regarder et voir qu’il n’y a aucun sens à bâtir sa maison en zone inondable. Toute l’existence est une zone inondable. Il n’y a rien d’étonnant à ce que mes constructions soient réduites à néant. Il n’y a rien d’étonnant à cela quand je regarde le processus du vivant s’accroître partout, tout le temps, dans toutes les formes. Tous les horizons se perdent, et quand il n’y a plus de nulle part où s’arrêter, quelque-chose de vertical, de droit, de fort prend la place. C’est l’existence qui est reprise. Et encore, au fond, elle n’a jamais été donnée. Il n’y a pas de rapport entre la vie et moi. Elle ne peut rien me prendre, je n’ai rien parce que je ne suis rien. Même pas la porte qu’elle brise en passant. Grandir, c’est un mouvement qui ne cesse pas avec ce que l’on appelle la vieillesse. Ne vieillit que ce qui est rigide, dur, et qui doit casser, qui doit mourir. Maintenant, nous sommes en train de mourir ! Et cette mort qui s’exprime dans le corps, dans les pensées, dans les rêves, dans le vouloir, dans le temps, est mal comprise. Elle n’existe pas d’elle-même. Elle est l’effet nécessaire de la vie sur ce qui est rencontré dans son passage sauvage. Comme la pierre d’une rivière surmontée d’eau. Pour la pierre, il y a un ensevelissement. Mais pour la vie, qu’est-ce qu’il y a ? Rien, rien que sa force naturelle, d’aller, d’être, de couler, toujours aussi douce et fluide en elle-même au travers de tous les supports. Des plus transparents aux plus opaques, de la jeunesse à la vieillesse. Mes exigences ne sont même pas audibles. Je vais vieillir le temps de mon combat imaginaire, mais je vais grandir quand je vais me reconnaître d’avantage dans l’eau que dans la pierre. »

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