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Comment regarder le monde ?

Publié par Anne-Gaëlle

Tendrement.

Tendrement, car dès lors qu’un regard est porté,déjà il vient alourdir ce qui est vu, il vient l’alourdir de ses projections, de ses rêves, de ses douleurs, de ses manques, et c’est avec le plus de douceur possible que le regard se pose, comme pour ne pas étouffer, ne pas nier ou diviser d’avantage ces fragments fragiles de l’existence.

Le regard qui est porté aujourd’hui, ne sera pas le même que demain, de même, qu’il n’est pas celui d’hier. Alors pourvu qu’il ne laisse pas trop de traces inutiles, qu’il ne se surajoute pas lui-même comme un poids, c’est peut-être cela la tendresse, ne pas laisser trop d’empreintes de ce regard particulier qui se pose. Porter le regard, c’est déjà épier, faire intrusion, et d’une certaine manière juger de ce qui est à voir.

Plus le regard est tendre, plus il s’ouvre, il s’écarquille comme des yeux d’enfants, il se dilate et voit plus large, plus grand, plus loin. Il devient plus inclusif, moins exclusif. Le regard cherche sa justesse, en quittant sa lourdeur, son appui, son assise, en quittant son envie de prendre et de saisir, de faire quelque chose de ce qu’il voit. C’est la différence entre regarder une fleur et la cueillir. Nous oublions trop souvent que la fleur ne survit pas à notre emprise sur elle ; Et pourtant, c’est si bon de cueillir une fleur ; C’est elle que nous remarquons, elle est si belle, vous la voulons et la prenons. C’est un moment délicieux. Mais avec le temps, on se demande, on s’interroge, combien de fleurs vais-je cueillir, ne sont-elles pas toutes ici en mon regard, en ne choisissant aucune d’elle, en apprenant à ne pas en préférer une plutôt qu’une autre.

C’est un peu cela, un regard tendre qui reste ouvert, qui ne se referme pas comme un poing, qui heurte le moins possible les choses, et les effleure, les respire…Ce qui est vu du monde, la vie m’apprend à le voir avec le moins de certitudes, avec le plus de légèreté possible; Il ne s’agit pas d’irresponsabilité ou d’indifférence, non, mais d’une vraie aspiration à voir l’entièreté. En ne regardant pas avec trop de force ou d’appui, la vision est croissante, attendrie et de surcroît attendrissante, car la fermeté absente du regard, ne vient pas densifier ce qui étouffe déjà. L’espace est rendu à l’espace, c’est une empathie profonde, une ouverture.

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